jeudi 3 septembre 2009

Histoire n°2 - 01

Quarante-trois heures... Quarante-trois... J'ai compté toutes ces heures depuis lesquelles je suis enchaîné ici. Dans la sombre cale d'une navire d'esclaves. Mes yeux se sont habitués aux ténèbres, j'arrive sans problème à voir les chaines qui me retiennent. J'ai sommeil. J'ai soif. J'ai faim. Les tangages du bateau m'empêche de dormir tout autant que les odeurs du vomi de mes voisins. Nombres d'entre-eux sont jeunes, ils n'avaient sûrement même jamais mis les pieds hors de chez eux, hors de leur ferme. Je me rappelle bien du visage de ceux qui me jetèrent ici. J'étais assoupi près d'une rivière, allongé sous un arbre. A leurs allures, je cru d'abord à des mendiants, puis le motif brodé sur leurs vêtements me remémora une vielle connaissance. Avait-elle engagé des mercenaires pour me capturer? A en juger par le nombre de captifs, il s'agissait plus d'une série de rapt désordonnés.

Aveugle, la porte grande ouverte laisse entrer la lumière du jour qui me brûle les yeux. Des cris, des jurons, les gardes entrent en frappant ce qu'ils peuvent pour se faire comprendre. Un garçon tombe, la mâchoire fracassée. Je me redresse péniblement et titube vers la sortie, mes mains devant la tête pour me protéger de la lumière et de mes bourreaux.
A priori le bateau est à quai, il est temps de débarquer la marchandise. Je réajuste mes lunettes en même temps que nous sommes passés en revu. Aussi étrange que cela puisse paraitre, c'est une jeune femme en tenue militaire qui est chargée de la transaction avec nos hôtes. Ses cheveux châtains sont coupés court. Ses yeux bleus sont vifs et alertes. Quant à son ouïe, elle semble être assez fine pour entendre les murmures que mon voisin me fait : "Sacré armée où l'on recrute même les jeunes filles." Ceci lui vaudra un coup de coude en plein dans la cage thoracique qui le met instantanément à terre. Violente avec ça... C'est à mon tour, elle à l'air surprise de voir un homme aussi âgé das ce groupe. Mes cheveux grisonnants, mes lunettes, ma cicatrice sur la joue droite, ma barbe elle aussi blanchissante. Le tout dans une vieux manteau dont le bas commence à partir en lambeaux. Contrairement aux autres, elle n'ose pas me toucher, peut être le respect. Qui sait?

Voilà que l'expédition part, une colonne entière de femmes, toutes engagées dans l'armée, je suis sûr qu'aucune d'entre elles n'a encore connue de bataille; elles sont bien trop jeunes. Environ une vingtaine je dirais. Dans leurs uniformes et leurs armures, elles paraissent grandes et menaçantes, mais si il fallait en venir aux mains, laquelle saurait manier correctement la lance qu'elle porte. Nous sommes une dizaine de prisonniers, neuf exactement. Impossible de savoir le nombre de nos gardiennes pour le moment, elles doivent avoir quelques éclaireurs. Après quelques heures de marche, l'un de mes collègues tombe, ivre de fatigue. On nous donne à boire et à manger pour continuer dans de meilleures conditions. Depuis la sortie de la ville, tout ce que nous avons vu du paysage n'est que plaines, champs, élevages, quelques cours d'eau.
Nous approchons d'une forêt, elle est immense. Composée d'arbres gigantesques. Même en plein jour, notre escorte est obligée d'allumer des torches afin de pouvoir continuer. S'en suivent de pénibles escalades de racines géantes afin de traverser cette jungle sauvage, qui, au bout de quelques heures nous amènent à une clairière, où nos gardiennes décident d'établir notre campement pour la nuit.

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