vendredi 9 octobre 2009

Histoire n°4

Assis dans mon lit, j'attends. Je lis tranquillement un livre. Au dessus de mon lit, il y a un velux. Il doit être plus de minuit, je peux légèrement sentir la lumière de la lune. Dehors, le vent et la pluie jouent en cœur, laissant à nos oreilles une berceuse calme et répétitive. Blottit sous ma couette, je savoure la chaleur de ma chambre. Je continue de lire paisible tandis qu'il me semble entendre un bruit. Je fais une pause afin de me concentrer sur ce bruit. On dirait comme un grincement, cela pourrait sembler normal dans une vieille maison en bois. Mais le bruit vient de l'extérieur. Comme un léger cliquetis de métal, légèrement discontinu. Le bruit est assez proche, au dessus de moi. Quelque chose, ou peut être quelqu'un est sur le toit.
Je ferme mon livre en marquant la page du pouce, entrouvre la vitre. Le froid entre vite à l'intérieur, je frissonne. Je regarde dans la direction d'où est sensé venir ce bruit, mais alors que je crois voir quelque chose, la lune est cachée par un nuage et je ne vois rien. Malgré ça, le cliquetis continue, se rapproche, accélère.
Un instinct primaire, la peur. Je sens le sang quitter mon visage. Vite, je referme la fenêtre, me jette sous ma couette, j'essaie de tout oublier, éteint la lumière. De perpétuels raclements contre la vitre, insistants, oppressants. Après quelques minutes, les bruits cessent et je sombre dans la fatigue.


C'est comme si j'avais fait un mauvais rêve. Le lendemain, rien, pas de traces de griffures sur la vitre. Après ma journée de travail, je reviens, horrifié la fenêtre est ouverte, l'eau a formé une tache sombre sur mon lit. Ma mémoire doit me jouer des tours, j'ai sûrement ouvert la fenêtre avant de partir, et oublié de la refermer en partant. Pour me calmer je mets un peu de musique.


Avant de me coucher, comme chaque soir, je continue mon livre. Je mets un peu de temps avant de retrouver où j'en étais. Puis viens minuit. J'entends les douze coups arriver par la vieille horloge de la voisine de l'étage d'en dessous, elle résonne dans presque tout l'immeuble. En même temps que sonne le douzième coup, j'entends quelques chose remuer derrière ma tête. Encore un raclement. Je me retourne, regarde derrière mon lit, rien, le son vient de derrière, dans le mur. J'éteins la lumière, la musique aussi. Comme avant, les bruits d'ongles ou de griffes s'estompent peu à peu. Je rallume la lumière et continue ma lecture avant de m'endormir un peu plus tard.


Troisième jour, à mon retour je trouve mon oreiller, éventré. Impossible d'avaler quelque chose. Même quand la nuit arrive, je suis obsédé par cette chose, qu'est ce qu'elle peut être. Qu'est ce qu'elle me veut. Je continue mon livre. L'histoire? Un policier qui enquête sur de mystérieuses agressions. Des corps lacérés par un mystérieux encapuchonné. Encore les griffures qui recommencent. Cette fois-ci, ça vient de mon placard. La porte est entrouverte. Je retourne à ma lecture, le livre décrit le point de vue de la victime qui voit surgir devant-elle un boucher tenant ses couteaux. Puis un bruit horrible m'arrache à cet ouvrage. Une sorte de cri d'insecte, effroyable. Et toujours ces raclements. Me voilà glacé d'effroi, à travers les ténèbres qui hantent mon placard, un œil jaune. La porte s'ouvre de plus en plus. Deux yeux jaunes, une bouche de fourmi, des doigts longs comme des dagues, la créature sort une patte hideuse, plus une autre. Elle se déplace comme un bossu. Des hurlements d'insectes horribles. Tout dans cet être inspire d'une part le dégoût, d'autre part la terreur.


Alors que la créature s'élance vers moi d'un seul bond, mon cœur s'arrête.

lundi 7 septembre 2009

Histoire n°3 - 03 (fin)

Le réponse ne se fit pas attendre. Aussitôt, il m'envoya voler trois-quatre mètres en arrière d'un mouvement de bras. J'atterrissais sur mes jambes et me rua vers lui aussitôt. Le bras en arrière, je pris le plus d'élan possible pour lui asséner un crochet. Lorsque le coup partit, un champ de force arrêta net mon mouvement. Mon costume blanc se déchirait au fur et à mesure que la douleur remontait mon bras. D'instinct, je me reculai immédiatement de quelques pas, me tenant le bras droit. Ça me faisait un mal de chien. Son rire était de plus en plus aigu. Il changeait encore d'apparence. Ses ailes réintégrèrent son corps. Sa tête s'allongea ainsi que sa queue. Ses jambes se "reptilisaient". Sa bouche ventrale disparut. Il avait presque l'apparence d'un gros lézard bipède, doté d'une tête monstrueuse. Il ouvrit sa gueule, décrochant sa mâchoire. Une intense boule de lumière y apparut en plein milieu. Elle grossissait à vu d'œil en absorbant la lumière environnante, nous plongeant presque dans l'obscurité. Voyant le coup venir, je pliais mes genoux et pris appui sur mes mains, augmentant ma mobilité et mes reflexes. L'étrange boule se transforma en parabole dont jailli un énorme faisceau de lumière. Malgré ma vitesse de réaction, j'y laissais quelques plumes. Une partie de ma belle chevelure blonde avait brûlé, tout comme mon dos, et pour compléter le tableau, j'avais perdu une partie de mon abdomen.

Peu importait. Je ne sentais presque plus la douleur. Ma vision devint étonnament précise et rapide. Je voyais presque tout avec un petit peu d'avance. Je me relançais à l'assaut de l'ennemi alors qu'il s'apprétait à faire feu à nouveau. Cette fois-ci, je visais son thorax. Mon poing percuta à nouveau le champ de force, plus violement que la première fois. De nombreuses plaies s'ouvrirent. Mon sang était décidé à sortir de mon bras, mais, au lieu de couler vers le sol, il se déplaçait vers mon poing. Au bout de quelques secondes seulement, presque deux litres étaient sortis, il formait autour de ma main une sorte de foreuse, ou bien une forêt de piquants. Il m'est impossible de me rappeler en détail de la suite de cette histoire. Tout ce que je sais, c'est que je souriais et riais bien plus qu'il ne l'avait fait tandis que mon bras traversait son thorax en lui arrachant ce qui devait être son coeur.
J'extirpais mon bras du cadavre sans vie de cette chose. L'odeur de son sang me donnant encore plus envie de me battre. Je me mis à lécher mon bras pour le nettoyer de ce que m'avait laissé mon adversaire. Autour de moi, la ville était déserte. Pas un seul bruit. Enfin, jusqu'à ce que j'entende à nouveau le cri qu'avait poussé la bête plus tôt, il venait du ciel cette fois.
En levant la tête, je me rendis compte que deux nouvelles silhouettes toutes aussi gigantesques qu'au début étaient en train de me fondre dessus. Déchirant le ciel et plongeant la ville dans le noir... Chouette!

dimanche 6 septembre 2009

Histoire n°3 - 02

La créature commença enfin à bouger. Ses mouvements paraissaient incroyablement lents et confus. Comme si elle se réveillait, se débattait. Ses yeux s'embrasèrent d'un rouge profond et sombre tandis que ses têtes se déplacèrent peu à peu, chacune regardait dans une direction différente, ses longs cous lui permettaient surveiller derrière elle. Elle mit un certain temps à comprendre ce qui se passait autour d'elle. Pendant que je l'observais se mouvoir dans le ciel, je continuais à marcher le long de la voix ferrée pour rejoindre la gare. Quoique ce soit, si ça devenait agressif, fuir ou se joindre aux autres n'était peut être pas la bonne attitude.

Après son petit temps d'adaptation, cette chose hurla, un hurlement grave et terrifiant. Ce cri retentit longtemps, trop longtemps, comme si on lui répondait, ou bien comme si sa voix emplissait le ciel. Sitôt son hurlement terminé, elle frappa, dans tous les sens afin de se dégager les pattes des immeubles, elle frappa un des plus haut immeuble de la ville et l'abattit d'un coup de serre. Sa puissance était incommensurable. Elle allait raser la ville en un rien de temps. Pourtant, une fois la zone autour d'elle réduite en poussière, elle se calme et s'allongea sur le sol comme un gros chien dans son panier. Il était impossible de se dire qu'une telle chose pouvait s'arrêter aussi soudainement qu'elle avait commencé. J'atteignais presque la gare, toute cette adrénaline m'avait empli d'excitation, je voulais voir ça de plus près. Magnifique, enfin une créature inconnue et gigantesque. J'en avais des frissons partout, il aurait été impossible de m'enlever mon sourire à ce moment précis, j'étais sur-vitaminé.

J'arrivais dans une gare déserte, il ne restait que quelques trains eux aussi déserts. J'escaladai le quai et courrai vers la sortie. Là, à quelques centaines de mètres se situait l'endroit où le monstre avait atterri. C'était étrange, rien, comme si il n'avait jamais été là. Dans une rue parallèle à la mienne j'entendis des cris. Merveilleux. Une créature volait en rase motte, je ne l'apercevais que quelque millièmes de secondes. On aurait pu croire à une chauve-souris volante. A son passage, un cri très aigu et très intense cassait les vitres et jetait les gens au sol. Ils se tenaient la tête, puis, ils vomissaient du sang et tombaient, morts ou pas.

Enfin une créature supérieure en tout point à l'homme. Pouvant changer de forme à souhait. Je ne comprenait pas comment j'en était arrivé à cet état d'esprit. J'avais une soif de sang qui ne pouvait être étancher. Pourtant, plus tôt, j'avais fuis, et désormais, il était impossible de m'arrêter. Je m'avançais, d'un pas joyeux et dansant vers cette chose, je sautillais. Arrivé au milieu de la rue, je me mis à crier pour l'attirer, elle fit un élégant demi-tour avant de me foncer dessus à pleine vitesse. Je l'attendais les mains dans les poches. Il se stoppa net à quelques millimètres de moi. Ses grandes ailes de chauve-souris m'enveloppaient, il avait bien une tête sur laquelle se disposaient neuf paires d'yeux en demi-cercle. Sa bouche était cousue, ses cheveux était des tentacules qui s'étiraient dans le sens du vent. Il était imposant et terrifiant. Son ventre était remplacé par une immense gueule garnie de crocs acérés. Il avait des pattes de chèvres et une queue de lézard.
Il m'observait minutieusement, sa tête collée à la mienne, tout ses yeux rivés sur moi. Je profitais de l'occasion pour lui décrocher un coup de boule, mais le choc ne le déplaça pas d'un pouce, comme si j'avais frappé dans un mur. Il sourit alors de toutes ses bouches. Un sourire aussi malsain que ses regards. A priori, il aimait ça.

Histoire n°3 - 01

Elle avait des yeux bleu-gris, qui, cernés de noirs provoquaient chez moi une fascination que je ne pouvais contenir. Je me forçais à regarder ailleurs, mais le repos procuré n'était que de courte durée et, aussitôt, j'étais replongé dans ces étendues bleutées. Elle s'assoupit finalement, fermant les yeux et me laissant libre, enfin presque... Fine et élégante, le nez droit et long, la bouche fine et discrète. Ses long cheveux châtains clairs tombaient en cascade sur ses épaules. Sous ces cheveux bouclés, on pouvait aisément deviner ses oreilles. Mais aussi captivante qu'elle était, elle ne pu détourner mes yeux du cauchemar que je voyais par la fenêtre du wagon. Le train traversait une zone urbaine et s'approchait de la gare. Cependant, dehors, malgré les immeubles, on distinguait sans mal les contours difformes d'une créature gigantesque aussi sombre que les ténèbres. Elle avait neuf cous, et au bout de ses coups, des têtes ornées de diadèmes. Dans son dos, des ailes immenses, capables de raser des villes entières, si bien qu'elles atteignaient presque les nuages. Ses quatre bras avaient en guise de main des serres d'aigle. Ses jambes étaient si grande qu'elle surplombait la ville de sa monstrueuse taille.

Une hystérie commença à s'emparer de l'ensemble des passagers. Les uns après les autre, ils se déplaçaient pour voir ce dont il retournait, puis, tous, sans exception se pétrifiaient de peur. L'un d'eux fracassa une vitre avec le matériel d'urgence, puis, se jeta sur la voie. Au bout de quelques instants, un des passagers fini par tirer le levier de freinage d'urgence. Il fallut un petit instant avant que le train ne s'arrête complètement provoquant un bruit aigu et insupportable, et faisant tomber les passagers au sol. Tout le monde descendit du train, sous la forme d'une masse indomptable, ils prirent tous la fuite, rebroussant chemin et fuyant leur destination.

C'était la deuxième fois que je voyais une de ces choses, la première fois, j'étais juste à côté de la gare quand une patte gigantesque éventra un nuage. Je pris la fuite aussitôt en prenant le premier train pour quitter la ville. La locomotive quittait la ville quand je la vis enfin entière. Elle possédait trois paires de bras et une seule tête, mais le reste de son corps était une énorme queue d'au moins quatre kilomètres. A priori, ces choses apparaissaient un peu partout, dans toutes les villes. Mais je ne savais pourtant pas ce qu'elles venaient y faire. Enfin à l'époque...

jeudi 3 septembre 2009

Histoire n°2 - 01

Quarante-trois heures... Quarante-trois... J'ai compté toutes ces heures depuis lesquelles je suis enchaîné ici. Dans la sombre cale d'une navire d'esclaves. Mes yeux se sont habitués aux ténèbres, j'arrive sans problème à voir les chaines qui me retiennent. J'ai sommeil. J'ai soif. J'ai faim. Les tangages du bateau m'empêche de dormir tout autant que les odeurs du vomi de mes voisins. Nombres d'entre-eux sont jeunes, ils n'avaient sûrement même jamais mis les pieds hors de chez eux, hors de leur ferme. Je me rappelle bien du visage de ceux qui me jetèrent ici. J'étais assoupi près d'une rivière, allongé sous un arbre. A leurs allures, je cru d'abord à des mendiants, puis le motif brodé sur leurs vêtements me remémora une vielle connaissance. Avait-elle engagé des mercenaires pour me capturer? A en juger par le nombre de captifs, il s'agissait plus d'une série de rapt désordonnés.

Aveugle, la porte grande ouverte laisse entrer la lumière du jour qui me brûle les yeux. Des cris, des jurons, les gardes entrent en frappant ce qu'ils peuvent pour se faire comprendre. Un garçon tombe, la mâchoire fracassée. Je me redresse péniblement et titube vers la sortie, mes mains devant la tête pour me protéger de la lumière et de mes bourreaux.
A priori le bateau est à quai, il est temps de débarquer la marchandise. Je réajuste mes lunettes en même temps que nous sommes passés en revu. Aussi étrange que cela puisse paraitre, c'est une jeune femme en tenue militaire qui est chargée de la transaction avec nos hôtes. Ses cheveux châtains sont coupés court. Ses yeux bleus sont vifs et alertes. Quant à son ouïe, elle semble être assez fine pour entendre les murmures que mon voisin me fait : "Sacré armée où l'on recrute même les jeunes filles." Ceci lui vaudra un coup de coude en plein dans la cage thoracique qui le met instantanément à terre. Violente avec ça... C'est à mon tour, elle à l'air surprise de voir un homme aussi âgé das ce groupe. Mes cheveux grisonnants, mes lunettes, ma cicatrice sur la joue droite, ma barbe elle aussi blanchissante. Le tout dans une vieux manteau dont le bas commence à partir en lambeaux. Contrairement aux autres, elle n'ose pas me toucher, peut être le respect. Qui sait?

Voilà que l'expédition part, une colonne entière de femmes, toutes engagées dans l'armée, je suis sûr qu'aucune d'entre elles n'a encore connue de bataille; elles sont bien trop jeunes. Environ une vingtaine je dirais. Dans leurs uniformes et leurs armures, elles paraissent grandes et menaçantes, mais si il fallait en venir aux mains, laquelle saurait manier correctement la lance qu'elle porte. Nous sommes une dizaine de prisonniers, neuf exactement. Impossible de savoir le nombre de nos gardiennes pour le moment, elles doivent avoir quelques éclaireurs. Après quelques heures de marche, l'un de mes collègues tombe, ivre de fatigue. On nous donne à boire et à manger pour continuer dans de meilleures conditions. Depuis la sortie de la ville, tout ce que nous avons vu du paysage n'est que plaines, champs, élevages, quelques cours d'eau.
Nous approchons d'une forêt, elle est immense. Composée d'arbres gigantesques. Même en plein jour, notre escorte est obligée d'allumer des torches afin de pouvoir continuer. S'en suivent de pénibles escalades de racines géantes afin de traverser cette jungle sauvage, qui, au bout de quelques heures nous amènent à une clairière, où nos gardiennes décident d'établir notre campement pour la nuit.

mercredi 2 septembre 2009

Histoire n°1 - 02 (suite et fin)

La créature doit faire dans les trente mètres de haut, elle est colossale. Pourtant, sous toutes les formes qu'elle peut prendre, ce n'est pas la plus redoutable. Pour cette chose, la taille n'est en rien significative de puissance, je l'ai déjà vu à taille humaine, et dieu sait qu'elle est plus terrible encore pour ce qui vit.
Il ne faut pas que je retourne à mon appartement, me cacher ne me servirait plus à rien, je dois me résigner à fuir. Je laisse le caddie. Je descends la rue à grande enjambées, direction : les quais. J'entends toujours le hurlement de la créature, les tremblements du sol sous ses pas, la rue entière résonne à son arrivée. Une carcasse de voiture est projetée loin devant moi, pour l'éviter, je pars à droite, direction le pont le plus proche. Je reste proche des bâtiments sur ma droite, il faudrait que je puisse m'y réfugier en cas de nécessité, quitte à négliger le pont.

Toujours déserte, la ville offre à ce monstre un terrain de chasse idéal et varié, tandis qu'à moi s'offre des possibilités de cachette sans fin. Je me demande bien ce à quoi peu bien penser la chose. Jamais on n'aurait imaginé une catastrophe d'une telle ampleur. Presque simultanément tous les pays du monde avaient été attaqués. D'abord les capitales, là où les populations étaient les plus concentrées, après les grandes villes. Il y a trois jours, celui-ci apparut dans notre ville, semant destruction, mort et chaos. Qu'est ce que c'est? Qu'est ce que ça nous veut? Autant de questions auxquelles je ne trouve pas de réponse.

Un hurlement strident m'arrache à mes pensées, "ça" a encore changé de forme. Cette fois-ci, le cri est aigu, il se rapproche très vite. J'entre dans le bâtiment juste à ma droite. Un des vieux immeubles rénovés du centre-ville. L'antique bâtisse grince de partout alors que je monte au premier par l'escalier de bois. De là où je suis, j'entrevois l'ombre de la bête, beaucoup plus petite que précédemment, elle a déployé ses grandes ailes. Un deuxième hurlement, beaucoup plus court et intense que le précédent. J'entends toutes les vitres des alentours céder en même temps, tombant dans un bruit de cascade. Je suis forcé d'ouvrir la bouche ou mes dents exploseraient, je tombe à genou. Un peu sonné, j'entreprends de me relever en m'appuyant là où mes mains le peuvent. Un liquide chaud et un peu visqueux coule par mes oreilles, descendant le long de mes joues.
Derrière moi, le son d'un battement d'ailes. Je suis repéré. La créature émet un rire sadique alors qu'elle commence à monter une à une les marches grinçantes de l'escalier. Ma vue est encore trouble alors que je la voie changer à nouveau de forme. Ses ailes se rentrent dans sa colonne vertébrales. Ses jambes se rétrécissent. Ses griffes se transforment en main humaines. Les câbles qui lui servaient de cheveux s'affinent et se raccourcissent. Les lumières rouges de sa tête se transforment en yeux. Au fur et à mesure que la créature s'humanise, elle avance, s'approchant à quelques mètres maintenant. Alors qu'elle s'accroupit pour examiner sa proie, je découvre enfin ses traits, mes traits. Comme une dernière pique, elle m'imite.

Impossible de décrire l'effroi qui m'a emparé à ce moment là. Je repensais à la mort de mes amis, sortis me rejoindre, ils avaient fini écrasés, tués par cette créature dans sa forme la plus bestiale. Alors que la main de mon double se transformait en énorme cisaille, je tombais inconscient. A mon réveil, j'étais dans la rue, à moitié nu, face à l'immeuble où je m'étais évanoui. Ma peau avait été lacérée, brûlée et même pourrie sur mon bras droit. A quelques mètres de moi, ma hache d'incendie. Et de l'autre côté gisait une carcasse éventrée. Le corps avait été brûlé. La tête avait été arrachée.

Impossible de me rappeler quoi que ce soit, mais il semblait bien que la chose était morte.

mardi 1 septembre 2009

Histoire n°1 - 01

Je gis là, allongé, la jambe droite repliée, les bras derrière la tête. Mes longs cheveux me reviennent dans les yeux, m'obligeant à secouer la tête pour m'en délivrer. Dehors, il pleut, les lourdes gouttes tombent sur le carreau de la fenêtre. Leur chute provoque un bruit qui résonne dans tout l'appartement. Alors que la vie des premières s'éteint, d'autres prennent aussitôt la relève. Cela fera bientôt vingt minutes que cette symphonie liquide dure.
Dans la pièce, l'air reste sec et tiède, le chauffage me protège du froid de l'hiver, et pourtant, malgré ça, je me sens glacé. Le bout de mes doigts se refroidit aussitôt que je déroule mes bras afin de me lever. Impossible de me réchauffer, la température qui m'accable ne peut être modifiée par aucun instrument, que ce soit la couette ou la bouillotte, je reste de marbre.

Mon cœur est aussi glacial que l'air l'est dehors. Cela fait deux jours que je n'ai pas bougé de mon appartement. Je me lève et me dirige péniblement vers la porte. J'ouvre le frigo de la cuisine. Alors que je m'accroupis pour être à sa hauteur, je remarque que l'air qui sort de ma bouche est visible. "Peut être fait-il vraiment si froid que ça en fin de compte." Je sors de l'appareil une bouteille de lait et l'emporte avec moi dans ma caverne. Deux jours... Je ne peux plus pleurer maintenant, je n'ai plus rien à pleurer.
J'entrouvre la bouteille de lait pour y boire, mais l'odeur m'agresse les narines. Il ne me reste plus rien à manger ou à boire. Il va falloir que je sorte. Je sors du placard mon imperméable et mes bottes, elles sont encore sales, j'aurais du les laver.

A peine ai-je finis de m'habiller que je me jette vers la porte, en sortant je prends mon sac à dos. Dans le couloir, la porte du voisin à moitié détruite me rappelle de mauvais souvenirs, comment ça a commencé. J'arrive dans l'escalier et manque de glisser sur une flaque de sang. Les murs sont encore tachés de sang, tout à sécher depuis. Enfin la porte principale... Avant de sortir, je sors mon arme de mon sac : une hache d'incendie.

Dehors, la rue est déserte, quelques carcasses de voiture, pas un chat à l'horizon. Je me dirige vers le centre commercial, j'y trouverai bien des conserves. Les produits frais doivent être en train de pourrir à l'heure qu'il est. En sept jours, la ville était passée du tout au tout. La population mondiale était trop importe soit-disant. Foutaises... Tiens, l'ascenseur fonctionne encore, parfait, je prendrai un caddie.
Je vide les rayons de conserves, de sucreries, de biscuits, de boissons. Avoir un caddie me facilitera la vie. Je peut sortir à présent, mais à peine je franchis les portiques que je comprends mon erreur. Les alarmes retentissent. Le bruit est assourdissant et parait infiniment trop fort par rapport au calme dans lequel baigne la ville.
Je m'empresse de détruire la source de ce sinistre grincement puis j'attends, attentif.

Un lointain râle me fait sursauter. Maintenant il me faut courir, le plus vite possible, me retrancher, me barricader. Vite, l'ascenseur. Je descends la rue à grandes enjambées. J'arrête le caddie un peu avant ma porte. Vite, la clé. Un léger tremblement suivit d'un hurlement sinistre. Le frisson qui me parcourt le dos me parait sans fin. Je regarde au bout de la rue. Une énorme silhouette obscurcit le ciel, un immeuble s'effondre, détruit par une main gigantesque qui tentait seulement de s'y agripper.