mercredi 2 septembre 2009

Histoire n°1 - 02 (suite et fin)

La créature doit faire dans les trente mètres de haut, elle est colossale. Pourtant, sous toutes les formes qu'elle peut prendre, ce n'est pas la plus redoutable. Pour cette chose, la taille n'est en rien significative de puissance, je l'ai déjà vu à taille humaine, et dieu sait qu'elle est plus terrible encore pour ce qui vit.
Il ne faut pas que je retourne à mon appartement, me cacher ne me servirait plus à rien, je dois me résigner à fuir. Je laisse le caddie. Je descends la rue à grande enjambées, direction : les quais. J'entends toujours le hurlement de la créature, les tremblements du sol sous ses pas, la rue entière résonne à son arrivée. Une carcasse de voiture est projetée loin devant moi, pour l'éviter, je pars à droite, direction le pont le plus proche. Je reste proche des bâtiments sur ma droite, il faudrait que je puisse m'y réfugier en cas de nécessité, quitte à négliger le pont.

Toujours déserte, la ville offre à ce monstre un terrain de chasse idéal et varié, tandis qu'à moi s'offre des possibilités de cachette sans fin. Je me demande bien ce à quoi peu bien penser la chose. Jamais on n'aurait imaginé une catastrophe d'une telle ampleur. Presque simultanément tous les pays du monde avaient été attaqués. D'abord les capitales, là où les populations étaient les plus concentrées, après les grandes villes. Il y a trois jours, celui-ci apparut dans notre ville, semant destruction, mort et chaos. Qu'est ce que c'est? Qu'est ce que ça nous veut? Autant de questions auxquelles je ne trouve pas de réponse.

Un hurlement strident m'arrache à mes pensées, "ça" a encore changé de forme. Cette fois-ci, le cri est aigu, il se rapproche très vite. J'entre dans le bâtiment juste à ma droite. Un des vieux immeubles rénovés du centre-ville. L'antique bâtisse grince de partout alors que je monte au premier par l'escalier de bois. De là où je suis, j'entrevois l'ombre de la bête, beaucoup plus petite que précédemment, elle a déployé ses grandes ailes. Un deuxième hurlement, beaucoup plus court et intense que le précédent. J'entends toutes les vitres des alentours céder en même temps, tombant dans un bruit de cascade. Je suis forcé d'ouvrir la bouche ou mes dents exploseraient, je tombe à genou. Un peu sonné, j'entreprends de me relever en m'appuyant là où mes mains le peuvent. Un liquide chaud et un peu visqueux coule par mes oreilles, descendant le long de mes joues.
Derrière moi, le son d'un battement d'ailes. Je suis repéré. La créature émet un rire sadique alors qu'elle commence à monter une à une les marches grinçantes de l'escalier. Ma vue est encore trouble alors que je la voie changer à nouveau de forme. Ses ailes se rentrent dans sa colonne vertébrales. Ses jambes se rétrécissent. Ses griffes se transforment en main humaines. Les câbles qui lui servaient de cheveux s'affinent et se raccourcissent. Les lumières rouges de sa tête se transforment en yeux. Au fur et à mesure que la créature s'humanise, elle avance, s'approchant à quelques mètres maintenant. Alors qu'elle s'accroupit pour examiner sa proie, je découvre enfin ses traits, mes traits. Comme une dernière pique, elle m'imite.

Impossible de décrire l'effroi qui m'a emparé à ce moment là. Je repensais à la mort de mes amis, sortis me rejoindre, ils avaient fini écrasés, tués par cette créature dans sa forme la plus bestiale. Alors que la main de mon double se transformait en énorme cisaille, je tombais inconscient. A mon réveil, j'étais dans la rue, à moitié nu, face à l'immeuble où je m'étais évanoui. Ma peau avait été lacérée, brûlée et même pourrie sur mon bras droit. A quelques mètres de moi, ma hache d'incendie. Et de l'autre côté gisait une carcasse éventrée. Le corps avait été brûlé. La tête avait été arrachée.

Impossible de me rappeler quoi que ce soit, mais il semblait bien que la chose était morte.

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